La NBA valide la vente des Dallas Mavericks, une morale bafouée
Florian Barré

Trop souvent, le sport professionnel semble atteindre le fond du panier d’un point de vue moral avant qu’un événement survienne pour nous rappeler que la chute est loin d’être terminée. La décision de la NBA, ce mercredi, d’approuver la vente des Mavericks de Dallas à Miriam Adelson, l’une des plus riches propriétaires de casinos du monde, peut en témoigner.

C’était dans les tuyaux depuis un mois, mais il ne manquait plus que l’accord du conseil des propriétaires des franchises NBA, pour autoriser la transaction. Finalement, celui-ci a approuvé à l’unanimité (29-0) la vente de la majorité des parts de Mark Cuban chez les Mavericks à Miriam Adelson et à la famille de cette dernière. Une transaction évaluée à quelque 3,5 milliards de dollars. Dans cette affaire, Cuban conserve toutefois une participation minoritaire dans l’équipe, dont il continuera à superviser les opérations sportives, puisque Miriam Adelson, 78 ans, se préoccupe assez peu de sport. Son défunt mari lui a légué un vaste empire qui comprend plusieurs casinos à Las Vegas, à Singapour et à Macau. Sa fortune est évaluée à plus de 32 milliards, ce qui lui donne le 5e rang au palmarès des femmes les plus riches de la planète.

L’argent, nerf de la guerre

Il y a quelques années, les grandes ligues de sports nord-américains participaient activement aux débats juridiques et politiques afin de lutter contre une éventuelle légalisation des paris sportifs à l’extérieur de l’État du Nevada. À titre d’exemple, Gary Bettman, ancien directeur exécutif de la NBA, soutenait que la légalisation des paris était susceptible de changer la nature du hockey « pour le pire ». Il a même ajouté craindre que les jeunes ne finissent par croire qu’une association entre le sport et les paris sportifs soit naturelle et acceptable. Bettman affirmait aussi que l’intégrité de son sport allait en souffrir.

Toutefois, dès que la Cour suprême des États-Unis a décrété la libéralisation des paris sportifs en mai 2018, les mêmes ligues ont rapidement retourné leur veste et sont devenues les plus grandes alliées des casinos et des preneurs d’argent. À compter de ces changements, les publicités encourageant le public à parier sont devenues omniprésentes lors de la diffusion de matchs à la télé et à la radio aux États-Unis.

Les dessous de l’association entre Cuban et Adelson

Les ligues partagent désormais des données, des statistiques et toutes sortes d’informations avec les maisons de paris. En réalité, elles font clairement la promotion de ces dernières. En l’espace de quelques années, les deux industries se sont presque imbriquées l’une dans l’autre. Et forcément, depuis, il y a davantage de détresse et de problèmes liés au jeu compulsif dans la société, selon plusieurs organismes spécialisés en la matière. En s’associant, la famille de Miriam Adelson et Mark Cuban rêvent de pousser l’intégration du sport et du jeu un peu plus loin. 

Il y a quelque temps, Cuban a expliqué que lui et sa nouvelle partenaire veulent construire un casino à Dallas et qu’ils ont l’intention d’ériger le prochain amphithéâtre des Mavericks au beau milieu dudit casino. Pour l’instant, cette possibilité semble lointaine parce que le jeu et les casinos n’ont toujours pas été légalisés au Texas. Ce que l’on sait, par contre, c’est qu'Adelson fait pleuvoir des millions de dollars depuis l’an dernier dans l’espoir d’obtenir les changements législatifs qu’elle souhaite de la part d’une administration contrôlée par les républicains. L’Associated Press a notamment rapporté qu'Adelson avait investi 2 millions l’an passé dans un comité d’action politique qui donne de l’argent aux élus et qui fait du lobbyisme auprès des législateurs du Texas. À lui seul, le gouverneur Greg Abbott aurait eu droit à une contribution supplémentaire d’un million.

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